Voici quelque soixante ans que Arnulf Rainer (*1929) pratique « la peinture afin de quitter la peinture ». Venu des horizons du surréalisme, de l’informel, voire de l’art brut, il a développé un art du recouvrement d’œuvres préexistantes.

Sur des autoportraits bouffons et tragiques, sur des reproductions de masques mortuaires de grands hommes (tels que Goethe), sur des images (celles de Goya notamment) et des estampes (celles de Henri Michaux), mais aussi sur des toiles signées de grands noms, sur des croix ou des structures cruciformes, l’artiste autrichien, d’un geste exacerbé, opère à l’huile, à la craie, au crayon, quand ce n’est pas la pointe sèche qui balaie, laboure et charge la plaque de cuivre.

La langue allemande subsume commodément toutes ces interventions sous le terme de Übermalungen, qui renvoie autant aux matières colorées en souffrance et au graphisme fiévreux de l’artiste, qu’à ce qui agit sous la surface apparente ou dans les sous-couches où gisent les significations que produisent l’art et ses regardeurs.